CYBERATO Alter-perspectives disputables

RADEFF Anne

  • Lieux centraux – décentraux. Théories de la centralité et réalité des petites villes

    Date de publication : 17-01-2015
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    professeurs honoraires

    Le système des lieux centraux de Walter Christaller a suscité des centaines de publications depuis 1933 et continue de nos jours à préoccuper de nombreux historiens, géographes et économistes, en particulier en France, en Allemagne et dans les pays de langue anglaise. Or, ce système représente de manière erronée les rapports entre lieux habités et donne une vision biaisée des petites villes, en particulier en raison de la fausseté mathématique de son prétendu « modèle » géométrique.

    Ce diaporama montre comment il est possible de corriger les erreurs de Walter Christaller et de remplacer son modèle géométrique faux par une représentation mathématique exacte puis comment l’on peut comprendre, grâce à la centralité-décentralité, les relations entre les petites villes sans qu’il soit nécessaire de se référer à une théorie réfutée utilisant une modèle géométrique faux.

    Citation :

    Radeff, Anne et Nicolas, Georges, Lieux centraux – décentraux. Théories de la centralité et réalité des petites villes, 2008, URL :

    Ce diaporama a été présentés lors du colloque « Capitales ou villes d’appui ? Les petites villes et leurs campagnes du Moyen Âge au XXIe siècle », Colloque organisé par l’UMR 5605 (Centre Georges-Chevrier) et la Société d’Histoire des Petites Villes à Tournus, les 12 et 13 juin 2008.

  • Les fruits de la révolte. Le commerce vu par Jean Vogt

    Date de publication : 17-01-2015
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    professeur honoraire

     Ce texte se fonde sur une soixantaine de textes (environ 260 pages) concernant le commerce et les transports et publiés entre 1957 et 2004. Il laisse le plus souvent possible la plume à Jean Vogt. Je commence par aborder l’évolution de ses recherches sur le commerce pendant un demi-siècle (point 1), puis je mets cette évolution en relation avec sa pensée critique, ses qualités et ses défauts (point 2). Ensuite, je présente les caractéristiques des échanges, qu’il lie toujours à l’agriculture en percevant les germes du capitalisme jusque dans les villages ; il renverse les rapports entre les lieux, en particulier entre les villes et les campagnes, à une échelle toujours transfrontalière, du village alsacien aux grandes traversées européennes (point 3). Son travail est celui d’un « glaneur » qui cherche à réaliser un vaste programme de recherche (point 4). Enfin, je mets les notions développées par Jean Vogt en parallèle avec d’autres notions en train de se construire qui expliquent mon intérêt amical pour lui et qui prolongent sa manière de penser : l’économie globale d’une part, la centralité-décentralité d’autre part (point 5).

  • Les lieux centraux : la traduction comme « normalisation » d'une théorie erronée

    Date de publication : 16-01-2015
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    chercheurs

    La thèse de Walter Christaller, Die zentralen Orte in Süddeutschland(1933), est de nos jours encore l’un des fondements théoriques les plus connus de la géographie et de l’aménagement spatial. L’acceptation internationale du système de ce géographe allemand perdure bien que des critiques fondamentales contre la véracité et la plausibilité du système des lieux centraux aient été formulées dès son apparition et se soient multipliées pendant les dernières décennies.

    Le premier exposé : « Traduire Walter Christaller en fabricant des « cadavres exquis » montre comment une traduction tronquée et erronée de Die zentralen Orte in Süddeutschland  en anglais de 1954 à 1966, utilisée ensuite par des locuteurs non anglophones, a contribué à l’institution internationale non contestée du système des lieux centraux comme une « science normale ».

    Le deuxième exposé : « Traduction et fiction. L’internationalisation comme justification de la recherche sur les lieux centraux dans la république fédérale allemande » s’intéresse aux répercussions de l’acceptation internationale de cette prétendue théorie dans la recherche sur l’espace et l’aménagement spatial de la République fédérale. La promotion des lieux centraux est devenue, grâce à la loi d’aménagement de 1965, un but codifié de la politique de planification spatiale étatique ; elle garde de nos jours une grande importance. Bien que les chercheurs spatiaux et les aménageurs allemands n’aient pas été concernés directement par les traductions de la thèse de Walter Christaller, l’acceptation internationale du système élevé au rang de « modèle » a eu, pour ceux qui ont utilisé ce système après la guerre, une influence importante sur la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes et sur sa transmission.

  • Élisée Reclus traducteur de Carl Ritter, passeur de la logique Tout/Partie

    Date de publication : 15-01-2015
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    professeurs honoraires
    Adresse: 
    Pontarlier

    Dans sa traduction de 1859 intitulée : De la configuration des continents sur la surface du globe et de leurs fonctions dans l’histoire Élisée Reclus coupe et modifie le texte original publié par Carl Ritter en 1852 : Über räumliche Anordnungen auf der Außenseite des Erdballs und ihre Functionen in Entwicklungsgange der Geschichten. Élisée Reclus y transmute le monde « humain » dominé par le « divin » de Carl Ritter en un monde « humain » à la recherche de l’harmonie avec la « nature » hors de toute transcendance. On pourrait supposer qu’à la suite d’un tel changement fondamental la logique spatiale de Carl Ritter disparaisse ou soit profondément altérée. Or, il n’en est rien : l’analyse de l’espace terrestre par Carl Ritter à l’aide d’un mode de pensée géographique fondé explicitement sur les rapports entre le Tout et les Parties résiste aux coupures et modifications d’Élisée Reclus. Dans sa traduction française, tout en supprimant les mots « Tout » (« Ganze ») et « Partie » (« Teil ») qui figurent dans l’original allemand, Élisée Reclus ne modifie pas l’utilisation que Carl Ritter fait de la logique Tout/Partie. Élisée Reclus continue d’ailleurs à l’utiliser implicitement dans sa Nouvelle Géographie Universelle (1876-1894) et dans L’Homme et la Terre (1905-1908).

     

    Suite à cette disjonction entre logique spatiale et causalité peut-on distinguer chez Élisée Reclus un niveau épistémologique (la théorie) qui serait autonome du niveau pratique (l’utilisation de la théorie pour promouvoir l’anarchie) ce qui justifierait de traiter sa pensée géographique indépendamment de son idéologie anarchiste ?

     

    Au cours d’un entretien dans sa maison de Clarens au bord du Léman avec un visiteur hollandais, Élisée Reclus a répondu par avance à cette manière de le débiter en parties rangées dans des tiroirs autonomes. « Après quelques minutes de causerie dans le cabinet de travail encombré de livres, de cartes déliées et de manuscrits, [son interlocuteur] fit une allusion polie à la Géographie Universelle, dont l’avant dernier volume allait paraître [1893] : « Oui, dit Reclus, je suis géographe, mais je suis avant tout anarchiste. » (H. ROORDA VAN EYSINGA, 1908, p. 186) »

     

    Cette façon de se présenter et se définir lui-même n’implique cependant pas que l’on puisse hiérarchiser le « personnage extraordinaire », « l’écrivain géographe », « le grand penseur » et le « passeur de logique » en réduisant le géographe Élisée Reclus à n’être qu’anarchiste. Mais symétriquement Élisée Reclus ne peut pas non plus être considéré comme étant avant tout un « géographe allemand » (FARINELLI, 2007) parce qu’il éprouvait une admiration et un amour filial pour Carl Ritter dont il voulait égaler l’Erdkunde. « A Bruxelles, [écrit-il en mars 1894] il me fallait en même temps lutter contre le Conseil d’administration de l’Université […] et maintenir ma dignité de géographe quoiqu’anarchiste et d’anarchiste quoique géographe. (RECLUS, 2010-2014, Tome III, p. 160) »

     

    Nous allons montrer qu’on ne peut subsumer l’homme dans un personnage car chez Élisée Reclus la foi athée de l’anarchiste est indissociable de la tradition nouvelle du géographe.

     

  • Le système des lieux centraux de Walter Christaller n’explique pas l’origine et le développement d’un réseau de villes en montagne

    Date de publication : 13-09-2011
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    professeurs honoraires

    Ces deux diaporamas ont été présentés lors du colloque « Petites villes de montagne de l’Antiquité à nos jours », à Clermont-Ferrand (7-9 juin 2007). Ils font l’objet de deux articles portant les mêmes titres, qui seront publiés dans m’ouvrage suivant : Pierre CORNU, Patrick FOURNIER et Jean-Luc FRAY (éds.), Petites villes en montagne, de l'Antiquité au XXe siècle. Europe occidentale et centrale. Actes des colloques de Clermont-Ferrand (Juin 2007) et de Lyon (Août 2008), Clermont-Ferrand (Presses Universitaires Blaise Pascal, collection "Histoires croisées"), à paraître en 2012.


    Premier diaporama : NICOLAS, Georges, « Conséquences de la fausseté mathématique du modèle géométrique du « système des lieux centraux » de Walter Christaller ».


    Le modèle standard de la « théorie de la centralité » repose sur la « synthèse » de trois affirmations non démontrées : 1) August Lösch aurait « généralisé » le « système des lieux centraux » de Walter Christaller. 2) Walter Christaller et August Lösch raisonneraient dès le départ sur une « plaine homogène ». 3) Walter Christaller et August Lösch auraient en commun un « arrangement hexagonal » des sites de production et de vente.


    Le « modèle » triangulo-hexagonal visualisant l’affirmation de Walter Christaller suivant laquelle la marchandise centrale « doit être » offerte dans une configuration triangulaire de lieux centraux en vertu de « principes » de fonctionnement, sans fournir la moindre démonstration géométrique, est mathématiquement faux.


    En 1933 Walter Christaller n’est pas arrivé à vérifier que les lieux centraux d’Allemagne du sud (en y incluant Strasbourg !) se localisaient géographiquement en en vertu de ses « principes ». Or, il a réagi à cet échec en affirmant que si la réalité n’était pas conforme à sa théorie, c’était que la réalité n’était pas « normale ». Il a d’ailleurs participé à plusieurs tentatives de modifier la réalité par la force pour la « normaliser » en mettant ses idées sur l’aménagement au service du nazisme puis du communisme


    Non seulement le prétendu « modèle christallérien » a fait faillite sur les plans mathématique et empirique mais encore la signification des circulations dans un système de lieux est loin de faire l’unanimité. Pourtant, l’interprétation « centrale » des circulations entre lieux habités hiérarchisés reste implicitement au cœur de certaines recherches, même quand on décide de ne plus employer les schémas géométriques de Walter Christaller. Or, le rejet de toute représentation géométrique est paradoxal puisqu’il existe une solution mathématiquement exacte du problème posé par Walter Christaller en 1933. Elle permet d’analyser, de classer et de représenter les relations entre « lieux centraux » en considérant que la distance entre « lieux centraux » n’est pas « optimale » mais « maximale » et que les lieux s’organisent en configurations géométriques irrégulières très variées autres que pyramidales régulières. Cette solution ouvre la voie à la formulation d’une autre théorie à partir de l’observation empirique et de l’évolution historique des lieux qui ne sont pas seulement « centraux » mais aussi « décentraux » dans le Pays de Vaud et la Suisse romande au Moyen-Age (deuxième diaporama).


    Deuxième diaporama : RADEFF, Anne, « Réfutation du système des lieux centraux dans le pays de Vaud (Suisse) au Moyen Age : montagne (Jura, Alpes) et Plateau ».


    On ne peut pas utiliser le système des lieux centraux de Walter Christaller pour comprendre la l’origine d’un réseau urbain au Moyen Age au Pays de Vaud (Suisse) dans un espace « mixte » de montagnes (jusqu’à plus de 1000 mètres) et de plateaux (entre 350 et 850 mètres). De surcroît, ce système ne permet pas de comprendre le développement historique du réseau urbain en Suisse occidentale où se trouve le Pays de Vaud.


    Une ville, petite ou grande, ne se comprend pas seulement comme un lieu central entouré de son « Umland », le tout étant intégré dans une hiérarchie. Toute ville est en effet à la fois « centrale » et « décentrale », les deux étant indissociablement liés. Le rapport indissociable entre centralité et décentralité peut varier d’une époque à l’autre. Un critère « central » à une époque peut devenir « décentral » à l’autre et réciproquement, sans que, pour autant, l’un ou l’autre disparaisse complètement.


     

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