Rubrique : Compte rendu de publications
La règle (et non pas le principe) de traduction qui privilégie le « contexte » est particulièrement dangereuse car elle permet « d’arranger » et de « lisser » les textes traduits en fonction d’idées a priori. A défaut de réhabiliter, l’utilisation de cette règle permet de présenter l’auteur traduit (Walter Christaller) comme « convenable » en dépit de son opportunisme politique (social-démocrate : 1922, nazi : 1940, communiste : 1945, social-démocrate : 1959), de son inconsistance théorique et de son incompétence mathématique. Ce qui permet in fine de ne pas essayer de comprendre pourquoi les géographes de langue anglaise, puis de langue française et bien d’autres, ont pu considérer dans la deuxième moitié du XXe siècle que Walter Christaller était leur Werner von Braun et qu’en adoptant ses idées sur la « centralité », ils allaient mettre la géographie en orbite autour de la science !
Les géographes Patrick Rérat et Etienne Piguet nous invitent à un double voyage dans la géographie neuchâteloise de la fin du XIXe-début XXe siècle, au travers de leur livre intitulé « La « Pensée du monde ». Une société de géographie à la Belle Epoque ».
Tout d’abord, nous cheminons dans la nouvelle discipline qui se construit en abordant différents thèmes comme l’urbanisme du côté de Renens/Lausanne ou l’organisation d’un alpage dans le val d’Anniviers, mais aussi par un questionnement sur son utilité et ses relations avec d’autres sciences comme l’économie politique. Les hérauts de la géographie d’alors ont beaucoup de projets : la création d’un musée ethnographique commercial, l’aide aux Suisses de l’étranger et l’envie de participer activement au développement du canton.
Ensuite, nous voyageons à la découverte du monde. La toute jeune société savante dispose en effet d’un nombre considérable de correspondants à l’étranger, dont certains livrent des textes ou des conférences. Ainsi, le Tonkin, l’Abyssinie ou la Chine nous sont racontés par des aventuriers ou des missionnaires qui illustrent les préoccupations de la géographie de l’époque, entre ambition scientifique et centrale de renseignements, tout en véhiculant certains clichés relatifs à la colonisation.
Au total, cette mosaïque de textes tirés des abondantes archives de la SNG nous livre un portrait attachant d’une des plus anciennes sociétés savantes du canton de Neuchâtel.
Référence : CARRUPT Roland : RÉRAT Patrick , PIGUET Etienne (éds), 2011, La "Pensée du monde". Une société de géographie à la Belle Epoque, Neuchâtel, Alphil-Presses universitaires suisses, 342 pages.
Dans l’heureux foisonnement des publications en Suisse romande, le livre de Monique Freymond-Bouquet nous éclaire de façon agréable et bien écrite sur le destin d’une famille paysanne vaudoise de la 2e moitié du XXe siècle.
Trois aspects fondamentaux ont retenu notre attention, tant ils sont présents tout au long du livre : la vie paysanne et son évolution, les
multiples activités de l’auteure en dehors de la ferme et l’importance de la foi chrétienne.
L’historienne Anne-Laure Anizan nous fait redécouvrir la vie de Paul Painlevé (1863-1933), qui fut en même temps l’un des plus grands scientifiques français du début du XXe siècle et l’un des personnages les plus influents de la Troisième République. Cette biographie de Painlevé aborde davantage la carrière politique de ce « faiseur de ministères » que sa contribution à la science et à l’enseignement. C’est là tout son intérêt de notre point de vue.
Formé à l’école vidalienne et auteur du tome XV de la Géographie Universelle de Vidal et Gallois consacré à l’Amérique du Sud, Pierre Denis (1883-1951) a connu un destin fascinant que Philippe Oulmont nous raconte avec bonheur dans la biographie qu’il lui consacre. Tour à tour fonctionnaire international, banquier et homme d’affaires, le géographe a aussi servi son pays au travers de Jean Monnet (1888-1979) et du général de Gaulle (1890-1970).
« Les roches et carrières du Valais » constituent une façon particulière d’aborder l’histoire du canton. D’abord par des explications géologiques et ensuite par un tour d’horizon très détaillé des activités humaines autour des roches et des carrières. Cela donne un fort beau livre, richement documenté, agrémenté de belles photographies souvent prises par les auteurs eux-mêmes. En plus, ce « pavé » incitera sans aucun doute les lecteurs à la découverte de paysages magnifiques façonnés par les générations précédentes.